Le projet

Invitée en résidence de création pour réaliser la première exposition temporaire du Mémorial, Anne-Laure Boyer a conçu « Les lettres de Rivesaltes », un dispositif constitué d'un film, de lettres issues d'un projet d’écriture collective, et d'une création sonore.

Alors que les camps sont des lieux de mise à l’écart du monde, ces lettres ont vocation à faire circuler une parole enfouie, à croiser les histoires et à provoquer des résonances entre des vécus différents. Elles sont issues d’un appel à écriture qui s’adressait à tous, pour que chacun puisse déposer sa propre parole : engager sa réflexion, porter son récit, délivrer un hommage, partager son expérience, adresser sa colère…

Dans cette exposition, l’artiste a réactualisé la valeur hautement symbolique de transmission et de partage de ce support de correspondance et proposé à travers lui une nouvelle occasion de s’approprier cette histoire lourde et complexe, afin de la porter tous ensemble, sans distinction hiérarchique ou sociale.
Parler des camps pour réfléchir sur l’exil, le racisme, la gestion administrative des flux migratoires, l’acte de faire histoire, la fabrique de la mémoire collective et individuelle, la transmission et la non-transmission.





L'appel à écriture

L’appel à écriture a été lancé le 1er décembre 2014 et s'est achevé trois mois après l'ouverture de l'exposition qui a eu lieu le 16 octobre 2015.

Chacun a pu déposer sa parole autour du vécu et des problématiques soulevées par Rivesaltes, et les camps en général. 175 lettres ont été reçues, écrites par des personnes de tous horizons et toutes nationalités, témoins directs et indirects, parents et enfants, intellectuels, associatifs, artistes, élus et militants…

En savoir plus sur les modalités de l’appel à écriture





L'exposition

Le parcours du visiteur l’amenait à découvrir d’abord le film sur un grand écran installé au centre de la salle d’exposition temporaire où l’image projetée était visible des deux côtés. Lorsque le visiteur passait derrière l’écran, il découvrait la table des lettres où celles-ci étaient déposées en vrac. Un texte inscrit sur cette table l’invitait à choisir une de ces enveloppes et à y inscrire son adresse avant de la déposer dans une boite aux lettres, pour la recevoir chez lui quelques jours plus tard.

Le film « la Marche de Rivesaltes » évoque l’exil, le destin collectif, mais aussi la solidarité, l’engagement et l’hommage rendu par celles et ceux qui sont debout aujourd’hui. Cette marche publique a eu lieu le 7 juin 2015 au camp de Rivesaltes et a mobilisé une centaine de participants qui ont marché face à la caméra, leur regard tourné vers un horizon qui appelle à la fois le passé et l’avenir.

Les lettres Chaque lettre reçue a été imprimée en plusieurs copies, mises sous enveloppes scellées et diffusées dans l’exposition huit mois durant. Chaque visiteur a pu choisir une enveloppe au hasard, y inscrire son adresse et recevoir par voie postale la lettre choisie quelques jours plus tard. 2 500 courriers ont ainsi été expédiés par voie postale depuis le Mémorial. Au 5e mois d’exposition, les timbres sont arrivés à épuisement, et les enveloppes suivantes ont été directement emportées par les visiteurs. Au total, plus de 11 000 courriers ont ainsi été diffusés pendant les huit mois d’exposition. La plupart des lettres offraient la possibilité de correspondre avec son auteur.
À la fin de l’exposition, les 175 lettres ont été rendues publiques, et sont désormais lisibles sur ce site internet.

La création sonore était diffusée sur huit enceintes réparties dans l’espace d’exposition. Elle a été réalisée avec le compositeur Guillaume Laidain à partir d’entretiens croisés avec 18 personnes liées à l’histoire des camps, et celui de Rivesaltes en particulier.



Lettres de Rivesaltes, aperçu de l'exposition et extrait du film







À PROPOS DE L'ARTISTE

Anne-Laure Boyer travaille sur la mémoire des lieux et des personnes qui les traversent. Avec la photo, la vidéo, la collecte de paroles, d’histoires et d’objets, elle porte un regard à la fois sensible et critique sur notre rapport au temps, à l’oubli et à la transformation des paysages. Originaire de Paris et basée à Bordeaux depuis 2006, elle a travaillé en France, en Espagne et au Maroc, sur différents territoires confrontés à des situations de rupture comme la démolition de logements sociaux, la vie en maison d’enfants, les friches urbaines et les villages engloutis dans les barrages hydrauliques.


Le site d'Anne-Laure BOYER



Le site de Guillaume LAIDAIN